Kô signifie marigot en langue Dioula

En pays Sénoufo au sud-ouest du Burkina Faso,  comme partout ailleurs  sur le plateau sahélien, la pluie qui rythme les 2 saisons est sacrée. Elle est source de vie, elle est la sève nourricière.

Sans elle, point de récoltes ni d’eau potable. 

Dans notre beau village paternel, à Kaniagara où nous passions de merveilleuses vacances chaque été, il n’y avait pas encore de forage dans les années 1980, la corvée d’eau était une nécessité.

On allait chercher l’eau au puit plusieurs fois par jour pour les besoins de toute la famille. Mais pour ce qui était de la lessive hebdomadaire, nous nous rendions au marigot chaque jeudi. Ce moment était très attendu de tous les enfants car c’était l’occasion de s’offrir une baignade rafraîchissante au pied de la cascade qui se déversait dans le marigot. 

Nos mamans avaient prévu des provisions pour le déjeuner dans l’herbe après la lessive et surtout l’énorme boule de savon couleur crème à base de beurre de karité et de potasse d’écorce d’akée “Finssan yiri”.

Ainsi, nos paniers de linge à laver sur la tête, nous nous mettions en marche vers le marigot en chantant cet hymne joyeux  à la pluie “Sandji”. 

 “Sandji ! ni ma na, bamba béna Kô ra” 

“Oh Pluie ! si tu ne viens pas, le crocodile est tombé dans le marigot”

Beurre de karité + Écorce d'Akéé = Savon Kabakuru

Noix de karité

Fruit de l'arbre Akéé

Savon kabakuru

Notre petite équipe

Gneli Aïda TRAORE BARCOLA

Artisan savonnière

Aurore THEUVENY

Community manager

Yassine TRAORE BAKALIAN

KANIAGARA

Je m’appelle Gneli, comme toutes les premières filles appartenant à l’ethnie Sénoufo.

Aussi loin que je me souvienne, mes frères (Ahmed, Alioune et Cheick), ma sœur Yassine et moi avons toujours attendu avec impatience les grandes vacances scolaires. Cela signifiait que nous irions passer 1 mois à Kaniagara.

Un mois déconnecté de l’excitation de Ouagadougou (la capitale du Burkina-Faso), un retour aux sources pour se souvenir d’où nous venons, le berceau familial. 

Car, comme notre cher Père aimait à nous le rappeler  “Pour savoir où tu vas, il faut d’abord savoir d’où tu viens”.

Du lever du soleil rythmé par le son des pilons écrasant le petit mil qui servira à la préparation de la bouillie,  aux contes le soir autour du feu de bois, nous participions activement à la douce et trépidante vie de notre cher village paternel.

Bien sûr, il y avait aussi les animaux à emmener au pâturage, les champs à labourer, la chasse (réservée aux garçons), le bois à ramener pour la cuisson, le petit potager à arroser, l’eau à aller chercher au puit et le linge à laver au marigot.

Situé sur le plateau sahélien, à l’extrême sud ouest du Burkina-Faso, niché au pied de la colline sacrée, Kaniagara est à quelques encablures à vélo de la Côte d’Ivoire (par delà le mont Tenakourou), et du Mali (après Ouéléni et Bôdôgô).

Pour le découvrir, il vous faudra traverser la vallée de la Comoé et ses cascades, vous faufiler sous l’ombre des grands rhôniers qui bordent la route, passer à proximité du lac aux hippopotames de Tengrela, effleurer les majestueux Pics de Sindou, puis continuer en avançant dans l’arrière pays.

Lorsque le suave parfum des mangues vous chatouillera les narines et que les allées de manguiers s’ouvriront devant vous, Kaniagara ne sera  plus qu’à quelques minutes…

Encore un peu de patience, une plaque métallique installée par Maman Haoua vous indiquera le chemin de la concession familiale des TRAORE.

D’abord le dispensaire, puis l’école primaire sur votre droite, et au bout de la mangueraie qui a été plantée avec amour par Papa Daouda dès 1956, se dévoile enfin Kaniagara.

Les enfants accourront en vous disant “Yé Tangana !” qui signifie Bonne arrivée ou encore  “Aw dansê !”

Bienvenue en pays Sénoufo :  ici on parle le Bambana kan et le Dioula.